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Transport fluvial de 30 000T de granulat sur le Rhône du 17 juin 2024 à fin octobre 2024

Laurent PIZZAMIGLIA, PDG du Groupe SELI-LOGIFI aime à dire « Le transport c’est le plus vieux métier du monde ! » et il s’adapte ! La démonstration en est faite avec le transport de 30 000T de granulat (gravier) par voie fluviale en descendant le Rhône de Lyon à Arles. Une opération menée par Franck SIMONDAN, responsable TP SELI Lyon, en coopération avec différents acteurs afin de répondre aux besoins de la carrière BBCI pour acheminer son granulat depuis Courzieu(69)  jusqu’à Senas (13).

Cette opération a fait l’objet d’un reportage France 3 Rhône-Alpes le 11 juillet 2024 (Journalistes Christian Conxicoeur / Claire Cherry-Pellat)

Le 17 juin 2024, le granulat part depuis la carrière BBCI du Groupe BONNEFOY sur la commune de Courzieu (69) pour être acheminé au port de Lyon en camion benne sur 44 km. Le granulat de cette carrière a des qualités spécifiques qui en font le produit idéal pour produire les couches de roulement des enrobés routiers. Les industries doivent donc se fournir à plusieurs centaines de kilomètres, le choix d’un transport fluvial moins émetteur de CO² est pertinent. C’est un choix fort de la part de la direction du Groupe BONNEFOY car le coût du transport est plus élevé. Pour convaincre Francis BAHU, directeur de la carrière, il a fallu démontrer l’extrême propreté à chaque étape du transport qui passe par plusieurs manipulations du granulat. « Notre extrême vigilance sur la préservation du produit est essentielle. J’ai pu visiter les quais MICHAUD qui nous seront destinés et qui sont en enrobé, ce qui limite les risques de pollution. De plus 1 bateau nous est entièrement dédié, il transportera uniquement notre granulat sur toute la durée de l’opération. La qualité des infrastructures du Port d’Arles nous a également rassurés avec sa plateforme réservée au granulat. Ces points sont essentiels et nous ont permis de nous engager sur un transport fluvial. »

Une fois la marchandise arrivée au port de Lyon, les opérations particulières de stockage et de chargement des bateaux sont réalisées par les Transports MICHAUD. Depuis les années 80, ils sont manutentionnaires portuaires avec leurs quais privés, leur propre matériel et leurs équipes. « C’est notre ADN ! » partage Séverine MICHAUD, dirigeante des Transports MICHAUD. « Nos implantations, au Port Edouard Herriot (Lyon) avec un embranchement fluvial, et à Saint-Romain-en-Gal avec un embranchement rail / fleuve / route nous permettent de mobiliser le multimodal pleinement. Le report modal est particulièrement intéressant pour certains types de produits et certaines distances, mais il reste encore sous exploité par méconnaissance. L’idée que le transport par voie d’eau est long persiste, alors qu’elle est fausse. C’est un mode de transport fiable qui n’est pas aussi complexe qu’on l’imagine. Il ne faut pas opposer les différents modes de transport, ils sont complémentaires. Et il faudra toujours du camion pour arriver devant la porte de l’usine. Ce transport de 30 000T de granulat avec SELI est un beau défi avec une cadence forte sur temps contraint. Nous sommes confiants et nous le réaliserons sans difficultés. C’est une belle coopération entre tous les acteurs et nous espérons qu’il y en aura plein d’autres !

Du 19 juin à fin octobre 2024, la marchandise descend le Rhône, soit 280 km, pour arriver au Port Fluvial d’Arles. Pour transporter ces 30 000T, c’est entre 13 et 15 bateaux. Soit l’équivalent par la route, de 1000 camions. Pour la mobilisation des bateaux, Franck SIMONDAN fait appel à Florent DUPRÉ, cogérant de la coopérative CNTSA (Coopérative de Navigation de Transports et Services Associés). « Chez CNTSA, nous sommes des militants de la voie d’eau ! Nous étions donc convaincus de la faisabilité de l’opération ! Je trouve génial qu’un acteur comme SELI nous sollicite pour une opération fluviale en complément du routier. Le transport fluvial permet de sécuriser une partie du flux : permettant de transporter un gros volume, sur une grande distance et sur un temps très court. Cette sécurisation de l’approvisionnent avec le mix fluvial-route est une réelle solution, une véritable plus-value et une opportunité de développement. Dans ce cas, cela se fera avec un bateau dédié pour des raisons de préservation de la qualité du produit. Sur cette opération c’est l’ensemble des avantages du fluvial que l’on peut mettre en avant. L’impact environnemental est moindre en divisant par 1.4 les émissions de CO2 et par 1.8 la consommation de gasoil. Pour 30 000T ce sont 164T de CO² non émises et 105 000 litres de gasoil économisés (source éco-calculateur VNF). D’autre part, l’opération ayant lieu en grande partie sur les mois de juillet et aout, ce sont autant de camions qui ne seront pas présents sur l’axe routier Lyon Avignon (un voyage, c’est une file continue de 2.2 kms de poids lourds en moins sur la route). Ce sont les vacanciers qui apprécieront cette économie de coûts externes !»

Arrivé au Port d’Arles, le granulat reste entre des mains expertes pour la réalisation du transfert voie d’eau/route pour les derniers kilomètres.

Le Port d’Arles est un service industriel et commercial de la CCI du Pays d’Arles. C’est un port public au sein de la concession de la Compagnie Nationale du Rhône (CNR). L’équipement (grues, pelles hydrauliques, chargeurs,…) et surtout l’équipe de manutentionnaires conducteurs d’engins font de cette plateforme un outil efficace pour créer les bonnes conditions du transport multimodal.

« C’est un mode de transport qui reste à développer. » partage Benoit PONCHON, directeur du Port d’Arles. « L’A7 a une densité de flux forte. La route offre une souplesse mais a un impact plus conséquent que le fluvial. La voie d’eau entre Pagny (proche de Dijon) et Marseille a un potentiel de trafic 4 à 5 fois supérieur à ce qui se pratique aujourd’hui. La rupture de charge est potentiellement un frein car elle représente des coûts et des risques. Nous y répondons par notre efficacité, et notre adaptabilité, c’est notre quotidien. En effet, sur cette opération, nous profitons de la rupture de charge pour mettre en place un stockage tampon. On est heureux de travailler sur des flux domestiques, l’intra bassin, ce potentiel se révèle avec cette opération. On sait aussi faire des opérations d’urgence en fluvial ! L’alternative est possible dans de nombreux cas de figure. Nous devons poursuivre la promotion de ce mode de transport et nous appuyer sur des acteurs tels que SELI. La promotion des ports de l’axe Rhône-Saône-Méditerranée est portée par MEDLINKPORTS qui est un appui clé. Il faut aussi une dynamique économique qui porte le fret.

 

Ce granulat est destiné à être transformé en enrobé via une plateforme qui sera prête début juillet à Senas (13). Le transport entre le port et la plateforme se fera en benne TP locale sur 70 km, le stockage tampon permettant d’alimenter la plateforme au rythme adapté à la production.

 

Pour Franck SIMONDAN (responsable TP SELI Lyon), cette organisation de transport est une première sur l’activité TP : « La quantité et le délai réduit m’ont poussé à proposer une nouvelle solution. C’était nécessaire pour la fiabilité du transport. Je me suis appuyé sur l’expérience de Grégoire (Grégoire GOFFINT, directeur du développement SELI) qui avait déjà mis en œuvre du transport fluvial au sein du Groupe. Ce n’est pas la même logistique! Avec le fluvial, l’organisation est plus complexe et plus longue. On est sur un mode plus « doux ». Cette expérience me permet de constater que l’autoroute fluviale qu’est le Rhône est sous utilisée ! »

 

La mobilisation du fluvial dans le transport a 2 avantages.

Le premier, celui de réduire le bilan carbone du transport en mobilisant moins de camions sur moins de kilomètres.

Le second, peut-être moins visible, est de trouver des solutions quand les métiers du transport routier sont en tension. Les chauffeurs routiers sont de moins en moins nombreux à faire de la grande distance, le transport local est plus attractif. Il faut donc mettre en œuvre une organisation qui garantit que l’ensemble du volume arrivera en temps et en heure à destination.

 

Nul doute, le fluvial a de l’avenir dans l’organisation de transport !

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